Vous êtes-vous déjà attardés à l’abondance de l’offre alimentaire dans nos supermarchés? Produits sans gluten, sans sucre, sans gras, sans arachides, aliments déjà préparés, superaliments exotiques : la liste est longue! L’alimentation et la nutrition occupent une place de plus en plus importante dans la société et les entreprises alimentaires le savent. Elles s’efforcent de combler (et même de créer!) tous nos besoins et désirs.

Cette facilité a toutefois un coût! Un Québécois achète pour 1 236 kg de nourriture chaque année, ce qui génère en moyenne 2,5 tonnes équivalent CO2 par personne. C’est le quart de nos émissions individuelles de gaz à effet de serre qui sont destinées à notre alimentation[1]!

LES IMPACTS DE L’ALIMENTATION SUR L’ENVIRONNEMENT

On parle beaucoup de gaspillage alimentaire, mais le fait de jeter des aliments encore bons représente la pointe de l’iceberg. En effet, chaque étape que subit un aliment, soit la production, la transformation, le transport, l’emballage et la gestion en fin de vie, provoque des conséquences sur l’environnement encore plus importantes.

Source:  Co-éco

Heureusement, il est possible de faire des choix alimentaires plus respectueux de l’environnement et de notre santé, tout en faisant parfois des économies.

L'empreinte écologique expliquée

L’empreinte écologique est une estimation de la surface (terrestre ou aquatique) nécessaire pour permettre à un individu de soutenir son mode de vie, soit d’avoir toutes les ressources pour répondre à l’ensemble de ses besoins et assurer l’élimination de ses déchets[2].

Cette empreinte sera plus ou moins élevée en fonction de divers critères. Par exemple, la superficie de la maison, le fait de posséder une voiture ou non, le type de chauffage de son habitation, la destination voyage, la production de déchets, etc. Les choix alimentaires auront également un impact sur le calcul.

Plus nos choix sont écologiques, moins on a besoin de surface pour soutenir notre mode de vie. Au contraire, si on a un mode de vie énergivore, la surface nécessaire pour nous soutenir sera plus élevée.

En 2022, le Canada avait une empreinte écologique de 7.42 hectares par personne, ce qui signifie que si tout le monde vivait comme les Canadiens, on aurait besoin de 4,91 planètes pour nous subvenir[3]!

#1 Manger moins de viande

Vous connaissez sans doute déjà les aliments qui sont au cœur de l’alimentation des végétariens ou des véganes : fruits, légumes, grains entiers, graines, noix et légumineuses. Accorder une place plus centrale à ces produits dans votre alimentation est une bonne façon de respecter l’environnement puisque les produits provenant des animaux (viande, poisson, produits laitiers) ont une empreinte écologique beaucoup plus élevée.

Le saviez-vous?

La production d’une protéine animale requiert une superficie 20 fois plus grande et génère 20 fois plus de GES qu’une unité de protéine végétale comme les fèves et les légumineuses. En plus, le secteur de la production agricole est celui qui consomme le plus d’eau au niveau mondial[4]!

Si vous avez de la difficulté à imaginer un repas sans viande, suivez nos astuces pour intégrer davantage d’aliments d’origine végétale à votre mode de vie:

  • Remplacez la protéine animale par une protéine végétale dans les recettes que vous faites déjà et que vous aimez, par exemple mettre des lentilles dans votre sauce à spaghetti au lieu du bœuf.
  • Remplacez le lait et les œufs dans vos desserts par du lait végétal et de la compote de pomme.
  • Essayez les options végéta*iennes dans les restaurants, vous pourriez être agréablement surpris!
  • Commencez par intégrer un repas sans viande par semaine et augmentez la fréquence au fur et à mesure selon votre aise.
  • Inspirez-vous de recettes pleines de saveurs et faciles à cuisiner qui vous donnera le goût d’en remanger. Un classique : recette de tofu général tao de Jean-Philippe ou de Ricardo!

Source: Unsplash

#2 Manger québécois

Manger local privilégie la consommation de produits et d’aliments qui ont été cultivés et préparés proche de nous. Au Québec, vous l’aurez deviné, manger local vient de pair avec les aliments de saison!

Le saviez-vous?

Avant d’être consommés, les aliments voyagent en moyenne 2 500 km. Par exemple, une tomate mexicaine, encore un peu verte à la cueillette, franchira plus de 3 000 km dans un camion réfrigéré avant d’arriver jusqu’ici. Un seul camion de livraison représente plus de 4,5 tonnes d’émissions de GES dans l’atmosphère. Il s’agit de très longs trajets sachant qu’il y a au Québec plus de 1 550 maraîchers québécois qui produisent des légumes destinés à être consommés localement [6]!

En sachant que le transport d’un produit alimentaire représente en moyenne 10% de son empreinte climatique[7], ça vaut la peine d’acheter local, surtout dans une région agricole comme la nôtre!

Voici quelques idées pour profiter des produits et des aliments de notre région, et ce, toute l’année :

  • Abonnez-vous à des paniers de légumes offerts par les maraîchers de votre région en été et/ou en hiver. En plus, vous contribuerez à l’agriculture soutenue par la communauté!
  • Congelez et faites des conserves avec vos fruits et légumes de saison pour en profiter toute l’année.
  • Optez pour les produits avec le logo « Aliments du Québec ».
  • Allez visiter les différents marchés publics de votre MRC (#saveursbsl).
  • Achetez vos viandes, poissons et fruits de mer dans des boucheries et poissonneries locales au lieu de les acheter à l’épicerie.
  • Plusieurs aliments sont disponibles en hiver! (Ré)apprenez à cuisiner les choux, courges, navets, panais et céleris raves, entre autres, pour des petits plats aux saveurs de chez nous ! Vous redécouvrirez peut-être des légumes oubliés! Pour des idées de recettes de légumes d’hiver savoureuses et réconfortantes, c’est ICI!

Découvrez comment encourager les producteurs locaux avec cette cartographie des initiatives bioalimentaires du Bas-Saint-Laurent!

#3 Manger ce que je cultive

Avoir un potager dans sa cour et/ou pratiquer l’autocueillette dans sa région permet d’avoir des aliments frais et savoureux puisqu’ils sont cueillis à maturité!

Le saviez-vous?

Cultiver soi-même ses aliments permet de réduire les émissions de GES liés au transport, de contrôler les divers intrants potentiellement nocifs pour l’environnement, de réduire les emballages ainsi que la consommation énergétique nécessaire pour conserver les aliments durant le transport et à l’épicerie. De quoi donner envie de mettre les mains à la terre!

Les sachets de graines ainsi que les plants de fruits, légumes et fines herbes prêts à être mis au jardin peuvent être achetés dans plusieurs commerces et serres de la région. Débutez votre potager avec des cultures faciles comme les laitues, fines herbes et carottes pour de beaux rendements avec peu d’efforts.

Jardin des générations à Saint-Pascal

Pour l’autocueillette, voici quelques endroits où la pratiquer (#bassaintlaurent) :

 

 

 

 

 

Source: Unsplash

#4 Manger du vrac

Le saviez-vous?

Saviez-vous que les emballages alimentaires représentent le tiers des déchets d’une maison?  En outre, seulement 20% de ceux-ci sont recyclés![8]  Acheter en vrac permet donc de réduire la quantité de déchets envoyés à l’enfouissement, en plus de contribuer à la réduction du gaspillage alimentaire.

Dépeint comme hors de prix, l’achat en vrac peut parfois vous faire sauver des sous en vous permettant de n’acheter que la quantité requise, et donc, d’éviter le gaspillage. Il vous suffit d’apporter vos propres contenants et sacs réutilisables afin d’effectuer leur remplissage avec les produits désirés. Afin d’intégrer davantage de vrac à son alimentation, commencez avec les produits plus légers qui vous reviendront moins cher, par exemple : les épices, les légumineuses, les céréales et les fruits séchés.

De plus en plus de commerces qui offrent du vrac voient le jour au Québec. Voici des adresses où il est possible d’acheter des aliments en vrac :

 

 

 

 

 

 

 

Source: Unsplash

#5 Manger bio

Contrairement à l’agriculture conventionnelle, l’agriculture biologique canadienne ne doit pas avoir recours à des pesticides, à des engrais toxiques, à des OGM (organismes génétiquement modifiés), etc.[9] Ainsi, les producteurs et transformateurs doivent respecter un ensemble strict de règlements pour obtenir la certification biologique.

Grâce à ces règles, l’agriculture biologique est ainsi moins nocive à long terme pour la fertilité des sols, la santé des cours d’eau (puisque les produits chimiques et engrais ruissellent vers les cours d’eau et les contaminent) et la perte de la biodiversité. En effet, les pesticides vont nuire à tous les types d’insectes, pas seulement aux indésirables!

Le saviez-vous?

Le déclin des abeilles dans le monde est attribuable à plusieurs pratiques agricoles, dont la monoculture et l’utilisation de néonicotinoïdes, la classe d’insecticides la plus utilisée dans le monde aujourd’hui.

Comme pas moins de 40 % des aliments contenus dans notre assiette proviennent indirectement ou directement du travail des abeilles, cela revient à dire que notre alimentation sera considérablement affectée par nos propres pratiques agricoles[10]!

Voici quelques façons d’intégrer davantage d’aliments biologiques à son épicerie, tout en respectant nos moyens :

  • Certains aliments n’ont pas une différence de prix énorme. C’est notamment le cas pour les bananes, le tofu, les laits végétaux, les légumineuses et certaines céréales. Visiter la section biologique à l’épicerie peut s’avérer profitable!
  • Plusieurs producteurs locaux n’utilisent ni pesticide ni herbicide sans toutefois en avoir la certification : renseignez-vous!
  • Achetez vos aliments biologiques lorsqu’ils sont en rabais.

Certifications biologiques au Québec.

#6 Manger du « fait maison »

Lorsqu’il est question d’alimentation, le « faire soi-même » est souvent une attitude à favoriser. Économique et meilleur pour la santé, on évite également certains produits transformés comme les huiles végétales qui contribuent fortement à la déforestation et à la perte de biodiversité.

Le saviez-vous?

La déforestation liée aux plantations des palmiers, pour produire de l’huile de palme, a atteint près de 50% en Malaisie entre 1972 et 2015. Plusieurs espèces animales en subissent gravement les répercussions, comme les orangs-outans et les tigres.

Toutefois, bannir uniquement l’huile de palme sans remettre en cause nos habitudes alimentaires ne ferait que déplacer le problème sur d’autres cultures oléagineuses[11]

Voici donc quelques idées qui pourraient aider à faire le changement et adopter cette habitude au quotidien:

  • Commencez par faire une chose vous-même et augmentez avec le temps (ex. : sauce tomate, cornichons, confitures, bouillon de légumes, etc.).
  • Réservez-vous des moments pour cuisiner vos repas de la semaine, et éviter d’acheter des repas déjà préparés.
  • Cuisinez en plus grosse quantité et faites congeler des portions.
  • Faites facilement vos micropousses pour avoir de la verdure même en hiver!

 

 

 

 

 

Source: Pixabay

 

#7 Manger contre le gaspillage

Le glanage et le déchétarisme reposent sur la même valeur environnementale, soit d’éviter le gaspillage alimentaire.

Glaner consiste à récolter ce qui a été laissé dans les champs et les arbres à fruits par le producteur.  Le déchétarisme, ou « dumpster diving », quant à lui, consiste à ramasser la nourriture encore consommable jetée dans les poubelles par les épiceries et restaurants.

Le saviez-vous?

Au Québec, 1,2 million de tonnes d’aliments vont être perdues ou gaspillées chaque année, bien qu’ils soient consommables[12].

Pour tout savoir sur le gaspillage alimentaire, consultez notre article.

Pour en savoir plus:

EN BREF…

Plusieurs solutions existent pour s’alimenter tout en respectant l’environnement et des astuces pour y parvenir facilement sont disponibles. Évidemment, il est important d’y aller à son rythme et de se rappeler que chaque petit geste compte.

Pour notre santé et notre environnement, donnons-nous le défi d’intégrer un peu de changement à notre assiette! Alors? Quelle astuce allez-vous essayer?


Sources :

[1] Dirat, J. (2020, 19 septembre). L’assiette des Québécois passée au crible climatique. Le Devoir.

[2] Équiterre (2007).  Les impacts négatifs de notre système alimentaire actuel.

[3]  Carboneutre Québec. Définition empreinte écologique.

[4] Global Footprint Network. Country Trends: Canada.

[5] Côté, C. (2016).Analyse carbone de deux régimes et recommandations pour réduire l’impact environnemental de l’alimentation [mémoire de maitrise, [Université de Sherbrooke]. Savoirs UdeS.

[6] Équiterre (2022). Kilométrage alimentaire : comment éviter que nos aliments voyagent.

[7] Côté, C. (2016).

[8] Gouvernement du Canada (2020). Défi sur le plastique : Emballage des aliments.

[9] Association pour le commerce biologique du Canada. Qu’est-ce qu’un produit biologique?

[10] Marceau, G. et Sauvajon, L. (2015). Le péril des abeilles. Radio-Canada.

[11] Meijaard, E., Garcia-Ulloa, J., Sheil, D., Wich, S.A., Carlson, K.M., Juffe-Bignoli, D., et Brooks, T.M. (2018). Palmiers à huile et biodiversité. Analyse de la situation par le Groupe de travail de l’UICN sur les palmiers à huile.

[12] RECYC-QUÉBEC (2022), Étude de quantification des pertes et gaspillage alimentaires au Québec.

 

Chronique «Les temps changent… pas que le climat !» réalisée par Co-éco, en partenariat avec les MRC de Kamouraska, de Rivière-du-Loup et des Basques.

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