Vous compostez ou utilisez votre bac brun? Bravo! Mais savez-vous que vous aurez encore plus d’impact positif en ne gaspillant aucun aliment? En effet, environ 2,3 millions de tonnes d’aliments comestibles sont jetées chaque année au Canada [1]. La majorité des impacts environnementaux de ces aliments gaspillés sont générés pendant leur phase de production.
En mars a lieu la semaine d’action contre le gaspillage alimentaire, au Québec et au Canada. C’est le moment de se renseigner sur l’ampleur de cette problématique et ce qu’on peut faire à notre échelle individuelle pour réduire la quantité de nourriture jetée et faire les bons choix.
Le gaspillage alimentaire, en bref…
Le gaspillage alimentaire se définit par toute nourriture destinée à la consommation humaine qui est perdue ou jetée à n’importe quelle étape du système alimentaire, du champ à l’assiette. Il représente une source considérable de matières organiques, tout en entraînant des impacts environnementaux, économiques et sociaux. [2]
Qui jette quoi ?
Au Canada, les consommateurs sont responsables de près de la moitié du gaspillage alimentaire, en valeur économique des aliments [3]. Voici un aperçu de ce qui se jette quotidiennement :
- 2 600 000 pommes de terre
- 1 300 000 pommes
- 1 300 000 tomates
- 1 000 000 tasses de lait
- 650 000 miches de pain
- 640 000 bananes
- 130 000 laitues
- 470 000 œufs.
Au Québec
- 7,5 millions de tonnes d’aliments entrent dans le système bioalimentaire chaque année;
- 1,2 million de tonnes, soit 16 % de ces aliments, vont être perdues ou gaspillées bien qu’ils soient comestibles;
- Malgré les initiatives existantes, 47 % des aliments gaspillés partent à l’enfouissement. Il y a encore beaucoup à faire!
Source: Étude de quantification des pertes et gaspillage alimentaires au Québec, Value Chain Management International, 2022
Pourquoi est-ce grave?
Le gaspillage alimentaire participe aux changements climatiques et impacte l’eau, les sols et la biodiversité. Voici quelques uns de ces impacts négatifs :
Sources: Value Chain Management International, FAO, Environnement Canada, France Nature Environnement
Combien coûte le gaspillage alimentaire?
Au Canada, c’est une valeur de 20 milliards de dollars de nourriture qui n’a pas été consommée. Pour vous donner une idée, un ménage canadien jette en moyenne 1 300 $ d’aliments par année, soit 25 $ par semaine! [4]
La gestion de ces résidus une fois jetés n’est pas sans frais, dans notre région par exemple, leur enfouissement coûte 127 $ la tonne et le coût des déchets est assumé par les municipalités et les contribuables.
Quel type de gaspilleur sommeille en vous?
Plusieurs causes expliquent l’ampleur du gaspillage alimentaire : d’un manque de planification à une faible valeur accordée à nos aliments [5]. Voici différents profils qui créent du gaspillage. Attention! le but n’est pas de faire la morale à personne, mais de stimuler un peu d’introspection et des changements de comportement.
Le pressé court partout et manque toujours de temps, alors, bien entendu, il n’a pas le temps de planifier ses repas, de cuisiner ses vieux aliments ou de se poser des questions.
Le parano jette son yogourt quelques jours avant la date « meilleur avant ». Il ne veut pas mal faire, mais ne voudrait surtout pas empoisonner sa famille.
L’excessif a toujours peur de manquer de nourriture. Il achète en double, a un garde-manger prêt pour la troisième guerre mondiale et cuisine pour dix.
Le m’as-tu-vu veut épater la galerie avec une abondance et une diversité d’aliments. Un frigo non rempli est inacceptable et recevoir donne lieu à une profusion de plats qui excède malheureusement les besoins des invités.
L’exigeant désire des aliments parfaits et ne se rabaissera pas à cuisiner un aliment qui n’est plus à son meilleur. Manger des restes est impensable!
L’indifférent n’accorde pas de grande valeur aux aliments, quelle que soit leur provenance, leur mode de production ou s’ils sont consommés ou non. Il ne réagira pas tant qu’il n’y aura pas d’incitatif à changer ou qu’il n’en soit obligé.
Comment réduire le gaspillage alimentaire à la maison?
Comme une majorité du gaspillage alimentaire est créée à la maison, nous vous donnons des astuces pour reprendre le contrôle sur votre garde-manger. En plus de réduire le gaspillage alimentaire, ces conseils vous permettront sans doute de faire des économies, de mieux manger et d’éviter le stress des soirs de semaines à vous demander quoi cuisiner.
PLANIFIEZ
- Avant de partir à l’épicerie, effectuez un inventaire de votre garde-manger. Si vous manquez de temps, prenez une photo de l’intérieur de votre réfrigérateur avant de partir.
- Planifiez un menu et dressez une liste d’épicerie. Consultez l’outil Vide-Frigo pour des idées de recettes intégrant les aliments que vous avez déjà.
- Évitez de vous rendre à l’épicerie le ventre vide et tenez-vous à votre liste!
- Achetez en petite quantité. L’achat en vrac est une bonne option pour acheter les quantités nécessaires et se permettre de la variété.
- N’hésitez pas à acheter des fruits et légumes de formes irrégulières, avec des petits défauts ou les orphelins. Leurs qualités nutritives seront les mêmes que leurs homologues plus beaux!
- Suivez ce guide des portions pour ne pas avoir trop de surplus :
- Utilisez-vous de manière efficace les différents compartiments de votre réfrigérateur? Pour maximiser la durée de vie de vos aliments, consultez le guide suivant :
- Vous vous demandez quelle est la meilleure façon de conserver votre citrouille ou si le lait se congèle? Consultez le guide de conservation de A à Z.
- Saviez-vous que la majorité des aliments, incluant le fromage et les pâtes, peuvent se congeler? Empaquetez les aliments dans le format désiré, inscrivez-y ce que c’est et la date de congélation, et le tour est joué!
UTILISEZ TOUT
- Exploitez les aliments à leur plein potentiel. De nombreuses parties des légumes sont jetées systématiquement par méconnaissance de leur potentiel culinaire. C’est le cas, par exemple, des fanes de légumes, qui peuvent être utilisées comme fines herbes, mais aussi des tiges de brocoli, qui sont très tendres une fois la couche coriace enlevée.
- Donnez une seconde vie aux aliments en apprenant à les transformer. Des fruits trop mûrs peuvent être utilisés dans des smoothies ou des compotes, des légumes rassis dans un sauté ou un potage, des bananes noires peuvent être congelées dans l’optique de faire un gâteau aux bananes, etc. Consultez l’outil en 5 façons pour savoir quoi faire avec des aliments fréquemment gaspillés.
Zoom sur les dates de péremption [6] | |
« Meilleur avant » « Utiliser avant » « Best before » |
Cette mention est une garantie de fraîcheur du produit. Cela signifie donc, que jusqu’à cette date, si le produit n’est pas ouvert et a été correctement entreposé, ses propriétés devraient être optimales. Après cette date, l’aliment ne sera peut-être pas à son meilleur, mais il sera encore consommable. Au Canada, la durée de conservation est toujours écrite de la même façon : année/mois/jour. Si l’année n’est pas précisée, la date ne contiendra que le mois suivi du jour. |
Date limite d’utilisation Expiration date ou EXP |
La date limite d’utilisation figure seulement sur certains produits comme les préparations pour nourrissons, les substituts de repas et les suppléments nutritifs. Ces produits ne devraient jamais être consommés après leur date limite d’utilisation et devraient être jetés. |
Date d’emballage |
Cette mention fait référence à la date où l’aliment a été emballé. Pour les aliments emballés dans le magasin, cette date peut remplacer la mention « meilleur avant » lorsqu’elle est accompagnée de la durée de conservation. |
Est-il sécuritaire de consommer les aliments dont la date « meilleur avant » est dépassée?
Beaucoup d’aliments sont encore comestibles après la date « meilleur avant », tels que les yogourts, craquelins et boîtes de conserves. Soyez attentif à l’odeur, l’apparence et la texture de l’aliment, tout en gardant à l’esprit que la présence des bactéries nuisibles n’est pas toujours détectable. En cas de doute, jetez ou compostez le produit.
PARTAGEZ
- Pas le temps de tout consommer? Pas envie de le manger? Aliments en trop grande quantité? Partagez et offrez! Vos collègues ou voisins pourront en profiter.
- Dans un esprit de solidarité, apportez vos surplus d’aliments ou de repas dans un frigo communautaire de votre région (consultez le Répertoire des frigos communautaires du Québec).
Initiatives de réduction du gaspillage alimentaire au Québec et au Bas-Saint-Laurent
Diverses actions peuvent être prises pour lutter contre le gaspillage alimentaire à chaque étape du système alimentaire. Voici quelques exemples d’initiatives auxquelles vous pouvez participer, en tant que consommateur, mais également en tant que producteur ou distributeur d’aliments!
- L’achat dans des marchés locaux et en vrac ou l’inscription à despaniers de fruits et légumes locaux
- L’Escouade Alimenterre à Rivière-du-Loup propose des activités de glanage, pour récolter ce qui n’a pas été ramassé dans les champs pour diverses causes.
- Les Fruits partagés, dans Rimouski-Neigette, organisent des cueillettes de surplus de production chez les agriculteurs et agricultrices ainsi que chez des citoyen.ne.s afin d’approvisionner Moisson-Rimouski-Neigette.
- Le projet Rangs partagés invite les personnes qui le peuvent à partager une partie de leur récolte estivale avec l’organisme d’aide alimentaire de leur MRC dans le Bas-Saint-Laurent.
- Le Carrefour d’initiatives populaires de Rivière-du-Loup lutte contre le gaspillage alimentaire en proposant notamment un comptoir de récupération alimentaire et des cuisines collectives.
- La Table intersectorielle régionale en saines habitudes de vie de COSMOSS met de l’avant des initiatives inspirantes en matière de système alimentaire durable au Bas-Saint-Laurent avec ses fiches d’information « Nourrir le Bas-Saint-Laurent ».
Pour connaître l’ensemble des 99 initiatives pour la réduction du gaspillage alimentaire qui ont été répertoriées par le gouvernement du Québec, consultez le portrait.
Sources :
[1] Conseil National Zéro Déchet, J’aime manger pas gaspiller, https://lovefoodhatewaste.ca/fr/ (site consulté le 28 février 2024).
[2] RECYC-QUÉBEC, Fiche informative : Matières organiques, 2018.
[3] Conseil National Zéro Déchet, J’aime manger pas gaspiller,https://lovefoodhatewaste.ca/fr/ (site consulté le 28 février 2024).
[5] Table québécoise sur la saine alimentation, Gaspillage alimentaire: Survol des causes et des interventions en cours en matière de prévention au Québec, 2018.
[6] Gouvernement du Canada, Comprendre les dates sur les étiquettes et les emballages, https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/conseils-generaux-salubrite/comprendre-dates-etiquettes-et-emballages.html (site consulté le 28 février 2024)
Chronique «Les temps changent… pas que le climat !» réalisée par Co-éco, en partenariat avec les MRC de Kamouraska, de Rivière-du-Loup et des Basques.