La flore québécoise et canadienne regorge d’espèces provenant de partout dans le monde. C’est d’ailleurs le cas de bon nombre de nos aliments chouchou comme les pommes de terre et les tomates qui sont originaires respectivement de la cordillère des Andes et du Mexique.

Avec la mondialisation et l’accroissement des échanges internationaux, de nombreuses espèces ont ainsi été introduites dans notre province au fil du temps pour diverses causes : besoins nutritifs, médicaux ou tout simplement esthétique.

Par exemple, au Canada, la hausse la plus rapide d’espèces végétales non indigènes s’est produite entre 1800 et 1900, une période où le commerce, l’immigration et la colonisation s’étaient intensifiés, et provenaient d’Europe occidentale[1].

La majorité de ces plantes sont inoffensives, mais elles peuvent parfois rompre l’équilibre des écosystèmes locaux. On parle alors de plantes exotiques envahissantes (PEE) puisque ces espèces se reproduisent vite, n’ont peu ou pas d’ennemi dans leur nouveau milieu et posent une menace pour la biodiversité, les habitats, l’environnement, l’économie et la société des endroits où elles s’établissent.

C’EST QUOI UNE PEE?

C’est une plante introduite à l’extérieur de son aire de répartition naturelle, qui provient en général d’une région géographique éloignée ou d’un autre continent. Elle peut être introduite de façon volontaire ou accidentelle et se répandre rapidement, souvent au détriment des espèces de plantes indigènes. La plante exotique envahissante n’a pas de  « contrôleurs » naturels dans son nouveau milieu tels que des champignons, parasites ou autres plantes qui contrôleraient sa prolifération.

Les plantes indigènes

En opposition aux PEE, on parle souvent de plantes ou d’espèces indigènes. La plante indigène est présente naturellement sur un territoire donné, dans la zone de répartition de son espèce.

Cette plante est originaire de la région où elle grandit et se reproduit depuis longtemps. Elle a évolué avec d’autres végétaux, animaux et parasites qui, de plusieurs façons, orientent sa croissance et sa dispersion dans son milieu. On peut donc dire qu’elle est intégrée à la biodiversité locale.

Malgré son climat continental humide, le Québec est la demeure de plusieurs plantes indigènes, qui étaient présentes avant les migrations européennes apportant un grand nombre de nouveaux végétaux. De nombreux conifères et feuillus en font partie, mais également plusieurs fleurs dont voici quelques exemples que vous pourrez observer dans nos forêts :

 

DEUX ESPÈCES DE PEE À SURVEILLER DANS LA RÉGION

Bien qu’il existe une centaine de PEE considérées comme nuisibles au Québec[2], en voici deux problématiques qui s’observent couramment dans notre région :

Roseau commun / Phragmites australis

Le roseau commun, aussi appelé « phragmite », est une plante exotique envahissante originaire d’Eurasie qui pousse sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique. C’est une variété européenne, introduite au cours des derniers siècles, qui est envahissante chez nous.

  

Source: Manon Ouellet

Pour bien l’identifier, consultez cette page.

Renouée japonaise / Fallopia japonica

La renouée du Japon est une plante exotique envahissante originaire de l’Asie de l’Est, introduite comme plante ornementale aux États-Unis vers la fin du XIXe siècle.

Source: Manon Ouellet

Pour bien l’identifier, consultez cette page.

 

QUELQUES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX RELIÉS À L’ENVAHISSEMENT DES PEE

Les espèces exotiques envahissantes, dont les PEE font partie, mais aussi certains animaux et microorganismes, sont considérées comme la deuxième plus grande menace pour la biodiversité dans le monde entier, après la destruction de l’habitat[3]! Voici quelques-uns de leurs impacts négatifs sur l’environnement et la biodiversité:

Outre les impacts environnementaux, les PEE peuvent, entre autres, détériorer le paysage, limiter l’accès aux cours d’eau, détériorer les infrastructures, envahir les terres en culture et poser des problèmes pour la santé humaine.

Cette panoplie d’impacts négatifs entraîne inévitablement des conséquences économiques… d’où l’importance de ne pas considérer ces plantes à la légère!

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DES CONSEILS POUR PRÉVENIR L’INTRODUCTION ET LA PROPAGATION DE PEE

Prévenir la propagation

Une fois installées dans les milieux naturels, les PEE sont difficiles à déloger. Comme il vaut mieux prévenir que guérir, voici quelques conseils pour éviter l’introduction et la prolifération des PEE :

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Préserver la végétation déjà en place et/ou indigène sur vos terrains pour occuper l’espace et créer de l’ombre.

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Éviter de laisser le sol à nu, surtout après des travaux. Les PEE colonisent rapidement un sol dénudé ou perturbé.

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Bien choisir les plantes ornementales pour son terrain en privilégiant les plantes et les fournisseurs locaux.

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Il existe également des plantes exotiques envahissantes aquatiques, comme le myriophylle à épis. Afin d’éviter son transport d’un cours d’eau à un autre, bien nettoyer son embarcation avant et après sa mise à l’eau. Pour trouver les plans d’eau avec des stations de lavages, cliquez ici. 

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Éviter de sortir des routes et des sentiers aménagés lors des randonnées. S’il est nécessaire de se déplacer à l’extérieur des sentiers, éviter de circuler dans des zones qui semblent infestées de plantes exotiques envahissantes.

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Ne pas couper et transporter des plantes inconnues trouvées sur le bord de l’autoroute, en forêt ou en voyage. Même si vous pensez faire un beau bouquet!

 

Reconnaître et signaler

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Apprendre à mieux les identifier.

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Rester vigilant et observer son environnement.

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Se référer à la plateforme Sentinelle en cas de suspicion.

Des informations sur plus de 65 espèces exotiques envahissantes (EEE) du Québec et sur la manière de les reconnaître sont disponibles sur la plateforme Sentinelle.

Si vous croyez être en présence d’une EEE, photographiez et signalez cette espèce sur l’outil. Cela contribuera à augmenter les connaissances sur la répartition des EEE au Québec.

  

S’informer adéquatement avant d’agir

Chaque problème de plantes exotiques envahissantes est unique. Il doit donc être traité individuellement, en faisant du cas par cas. Il est important de bien s’informer car une mauvaise méthode de contrôle peut créer plus de tort que de bien, en propageant la plante ou en perturbant un milieu naturel.

Communiquez avec une ressource compétente sur le sujet comme votre municipalité, un organisme de bassin versant, le MELCCFP ou autre spécialiste sur le sujet avant d’agir.

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Surtout: pas de panique! Mal dirigée, votre bonne intention d’éliminer les PEE pourrait causer plus de tort que de bien. Appliquer plutôt les conseils de gestion reçus par une ressource compétente sur le sujet.

 

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Attention à la terre contaminée, car de minuscules fragments de PEE peuvent redonner des plants viables, et ce, après plusieurs années de dormance.

 

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Ne pas arracher les plantes : cela pourrait notamment faciliter la dispersion des PEE.

 

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Ne pas jeter les plantes exotiques envahissantes au bac à compost ou au bac brun à l’écocentre ou en les laissant dans la nature. Ces gestes pourraient participer à la propagation des plants par graines ou fragments.

 

EN BREF

Les plantes exotiques envahissantes, pourtant bien présentes dans notre environnement, restent encore méconnues. Avec des allures parfois majestueuses ou des couleurs chatoyantes, elles peuvent donner envie d’être conservées sur un terrain ou bien d’être cueillies pour les apporter chez soi, mais c’est sans prendre garde à leur redoutable propagation! Cette ouverture sur le sujet vous permettra une meilleure vigilance face à leurs attraits et vous participerez ainsi à la préservation de notre biodiversité!


Sources

[1] Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux du Canada. 2010. Biodiversité canadienne : état et tendances des écosystèmes en 2010. Conseils canadiens des ministres des ressources. Ottawa, (Ont.) vi + 148 p.

[2] Elisabeth Groeneveld, M. Sc., botaniste. Laboratoire de recherche sur les plantes envahissantes, Université Laval. Kamouraska, conférence donnée le 21 septembre 2013.

[3] Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux du Canada. 2010.

Plantes exotiques envahissantes : Les connaître pour mieux les contrôler, présentation donnée à l’ITAQ le 23 mars 2023 par Manon Ouellet, biologiste et directrice du développement des affaires chez Collectivités écologiques Bas-Saint-Laurent.

Les plantes exotiques envahissantes (PEE). Prévenir, couper ou contrôler. Trousse d’information pour les municipalités. OBAKIR, 2015-2016.

Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. Des bons conseils pour éviter d’introduire et de propager des espèces exotiques envahissantes.

Chronique «Les temps changent… pas que le climat !» réalisée par Co-éco, en partenariat avec les MRC de Kamouraska, de Rivière-du-Loup et des Basques.

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