Les Textiles post-consommation

Nous nous sommes tous un jour débarrassés de vêtements, par ce qu’ils étaient usés, n’étaient plus de la bonne taille, étaient démodés, etc. Sachez qu’en faisant ce geste, vos vêtements rejoignent les 150 000 tonnes [1] de textiles qui sont annuellement jetés par les québécois! Nous les appelons alors les textiles post-consommation, c’est-à-dire après la consommation finale par son consommateur original.

Le destin de ces textiles

La bonne nouvelle c’est que 6% de ces textiles sont recyclés pour être réutilisé dans les domaines de la construction, de l’automobile ou encore du mobilier, car oui, des procédés comme le défibrage, le déchiquetage ou autres permettent de réutiliser le textile comme une nouvelle matière.

La mauvaise nouvelle c’est que tout le reste de ces textiles, soit une majorité écrasante, n’a pas de finalité aussi positive. On apprend ainsi, dans le rapport MUTREC de 2020 sur la circularité de l’industrie textile au Québec, que 48% des textiles sont éliminés et 30% sont exportés vers d’autres pays, en majorité sur le continent africain!

Ces pratiques se retrouvent également chez nous au Kamouraska, Rivière-du-Loup et les Basques. En effet, à défaut de trouver un repreneur dans son entourage ou sur les réseaux sociaux, les textiles de bonne qualité sont alors déposés en friperies qui en revendent une bonne partie localement. Certains textiles sont envoyés par des exportateurs à Montréal puis en Afrique. Le reste est jeté, c’est-à-dire acheminé dans un lieu d’enfouissement technique de la région.

Le plus embêtant c’est que la quantité de ces textiles jetée va en augmentant. Chaque année, le Québec consomme près de 343 000 tonnes de produits textiles neufs par année, soit 40 kg/habitant/an : tôt ou tard ils se retrouveront, pour la plupart, enfouis ou exportés.

Des enjeux multiples

La quantité de textile consommée par les québécois et le manque de débouchés créent plusieurs enjeux, dont voici un aperçu :

 

  • Les organismes qui reçoivent les textiles usagés, comme les friperies, sont saturés et ont du mal à suivre la cadence de notre consommation!
  • Le tri et la revente, ce travail colossal et essentiel qui permet d’éviter le gaspillage sont généralement effectués par des équipes de bénévoles ou des plateaux de travail pour l’intégration à l’emploi.
  • Au-delà des friperies, en ce moment, il y a un vide. La revalorisation (ex : fabrication de sacs à partir d’une paire de jeans) ou le recyclage (ex : utilisation de fibre textile pour faire de l’isolation) des textiles ne sont pas assez développés au Québec et notamment dans le KRB.
  • Les lieux d’enfouissement techniques qui reçoivent ces textiles en fin de vie se remplissent rapidement. Ils doivent sans cesse créer de nouvelles cellules d’enfouissement qui coûtent très cher et grugent du territoire. Consultez notre article à ce sujet sur co-eco.org/parlons-let.
  • L’envoi de nos textiles à l’étranger est loin d’être une solution en soi et déplace seulement le problème.

Pexels – Photo : Karolina Grabowska

Ce que l’on peut faire

Si la situation des textiles post-consommation peut nous paraître démesurée face à notre action individuelle, il faut savoir que les acteurs de notre région se mobilisent pour faire évoluer la situation.

Un portrait des textiles post-consommation des citoyens du Bas-Saint-Laurent est paru en 2023, pour apporter des éléments concrets sur la consommation et les pratiques locales. Des pistes d’action ont ainsi été mises en place pour tenter d’apporter des réponses adéquates à notre région.

Également, la démarche Fab région, qui vise à rendre le Bas-Saint-Laurent plus autonome en termes de production et d’énergie, rassemble actuellement les acteurs et les citoyens autour du thème « se vêtir »[2].

Néanmoins, cet enjeu nous concerne tous et chacun peut faire sa part pour améliorer la situation!

Voici donc 8 bonnes pratiques citoyennes pour mieux gérer vos textiles usagés :

 

1. Refuser, éviter d’acheter un vêtement un tout autre textile dont on n’a pas besoin est la base de la diminution de la consommation.
2. Acheter en friperie, favoriser le réemploi et soutenir la revente locale, cela aide également ces structures à libérer leur stock.
3. Organiser un « troc tes fringues » avec les amis ou la municipalité.
4. Acheter durable, résistant, indémodable et prendre soin de ses vêtements (les réparer au besoin), pour qu’ils puissent servir longtemps.
5. Donner son linge de qualité. Éviter d’apporter des textiles trop usés, souillés ou odorants en friperie. On peut aussi prendre contact avec des valorisateurs locaux (artiste, couturière) qui pourraient les récupérer.
6. Valoriser ses textiles s’ils sont abimés, les utiliser pour ses animaux, en faire des guenilles ou les réutiliser pour des projets de couture.
7. Déposer ses textiles trop usés dans son bac à déchets ultimes, noir ou vert, en attendant de meilleures solutions. Les textiles ne doivent pas être mis dans le bac bleu ni apporté à l’écocentre.
8. S’impliquer en rejoignant les équipes de bénévoles en friperies ou en faisant connaître les initiatives de valorisation émergentes.

Pixabay – Photo : Myriams Fotos

Pour découvrir les friperies de notre belle région, consultez notre répertoire!

D’autres outils peuvent aussi vous mener vers votre futur commerce de réemploi préféré, comme le Répertoire des ressources communautaires au Kamouraska, et les Plans de gestion des matières résiduelles (PGMR) de votre MRC.

 

Pour aller plus loin

Pour encore plus d’idées, de trucs et d’astuces pour participer à améliorer la situation, plusieurs autres organismes se sont penché sur la question et ont créé de petits bijoux. Sous forme de guide, défi, articles, etc. En voici quelques uns;

  • Le Défi Detox vestimentaire par Unpointcinq présente une foule d’idées et de défis à notre portée.
  • Le Petit guide de la consommation responsable de Renaissance offre plusieurs vidéos, notamment pour nous expliquer comment bien entretenir nos vêtements, et comment optimiser sa garde-robe.
  • L’équipe de la SQRD (Semaine québécoise de Réduction des Déchets) s’est aussi penchée sur la question des textiles post-consommation. Leurs articles portent sur des sujets aussi variés que l’achat en ligne et la mode éphémère.

Vous voilà bien outillé pour votre prochain grand ménage!


Sources :

[1] Rapport MUTREC de 2020 « Circularité de l’industrie textile au Québec » : mutrec.ca/portfolio/un-rapport-pour-faire-avancer-la-circularite-des-textiles-au-quebec.

[2] fabregionbsl.quebec  

 

 

Chronique «Les temps changent… pas que le climat !» réalisée par Co-éco, en partenariat avec les MRC de Kamouraska, de Rivière-du-Loup et des Basques.

 

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